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On s’était dit RDV dans 10 ans, la suite !

août 2021

Vous les avez adorés dans les premiers épisodes, vous avez attendu la suite, elle est enfin là.. Retrouvez notre bande de joyeux lurons en vadrouille dans le vignoble bordelais !

 

Journée 6 

Ce matin, nous posons nos vélos à Libourne, tout en profitant du beau temps pour visiter la ville et sa jolie Bastide, et aussi pour faire quelques emplettes. Dans un excès de vaillance,  nous décidons de repousser nos limites physiques en optant pour une croisière le long de la Dordogne. Deux belles heures à découvrir la rivière et son écosystème, le tout accompagné d’un verre de vin du cru et de quelques macarons de Saint-Emilion. What else ? Au moment de descendre du bateau, je menace de m’attacher au mat pourtant inexistant pour ne pas redescendre sur terre et reprendre les vélos.  Moi, le bateau dans un transat ça m’allait très bien : pourquoi tant d’acharnement ? 

Pour me ménager, et parce que ça les arrange aussi en un sens, mes amis revoient nos plans pour la journée : flânerie sur les quais de la ville au programme, comment y résister ? L’après-midi, pause (encore) bien méritée au lac des Dagueys, petit havre de paix aquatique, aux portes de la ville. Max et Olive font un concours de ricochet. Pauline, elle, se plonge dans son livre pendant que Mag me raconte ses histoires d’amour et d’enfants en me bombardant de questions sur l’arrivée du bébé. Il est temps de reprendre la route : nous traversons la Dordogne en descendant un peu au sud pour arriver au Château du Petit Puch. Et encore une fois, nous voici ébahis devant la propriété, magnifique, qui se découvre au détour d’un chemin. Le château, dont une partie date du XIVe siècle, a été joliment refait et donne sur un très beau parc. En attendant notre hôte, Pauline tourne, intriguée, autour des sculptures de fer forgé disséminées un peu partout sur la propriété avant de jeter son dévolu sur celle proche du bassin et de la photographier sous toutes ses coutures.

Bruno, le propriétaire, nous rejoint en nous expliquant qu’il s’agit des œuvres d’un artiste d’origine italienne installé en Gironde, Gino Ruggeri. “C’est un artiste que j’ai découvert par hasard, il y a quelques années. Je suis passé devant son atelier un week-end. À travers les grilles,  j’ai vu l’une de ses sculptures et là, le coup de foudre ! Je n’arrêtais pas d’y penser et deux jours plus tard, j’étais chez lui pour lui passer commande. De là est née une belle amitié : son œuvre ne nous a plus quittés et est même devenue la signature du château. »

 

Jour 7

Notre périple (mes amis parlent de “voyage”) se poursuit à l’est du vignoble de Bordeaux. Nous passons la matinée au Château Lestrille, chaudement recommandé ! Estelle, la propriétaire, nous accueille avec son équipe : “le vignoble, c’est vraiment l’âme de tout ici. Nous, on veut faire un vin qui soit vraiment axé sur le fruit et sur le plaisir. Le travail de la vigne est primordial, c’est la base de tout. Nous sommes vignerons indépendants depuis 1901 et participons beaucoup, avec nos collègues, au développement de la vigne et au respect de l’environnement. La culture de la vigne, c’est tellement exigeant, mais au final c’est souvent le bon sens qui l’emporte.”Pendant la dégustation,  on apprend que le château a ouvert un bar à vins en plein cœur de  Bordeaux pour aller directement à la rencontre de sa clientèle urbaine : “ C’est un château à la ville, donc on a décidé de s’appeler comme ça : Un château en ville !” Maxime note soigneusement l’adresse et l’ajoute à notre To-do list qui ne fait que s’allonger au fil des heures. De passage à Branne, nous prenons le temps de déjeuner dans un café -restaurant à la déco “brocante industrielle”. En me voyant arriver, le serveur affiche d’emblée un sourire sur son visage : “Oula, je vois à votre dos que vous passez de bien belles vacances à vélo, vous ! “ me lance-t-il, sur un ton amusé et compatissant à la fois. 

« Oui je vais vous prendre la formule complète entrée-plat-massage-dessert- s’il vous plaît, avec la carte des vins »

« Pour les vins je suis votre homme : pour les massages, non, mais je peux vous conseiller une bonne adresse, un ancien domaine transformé en gîte qui propose un tas d’activités bien-être au cœur du vignoble » nous explique-t- il en nous tendant une adresse. 

Mag l’attrape à la volée, un peu façon rugby, et Maxime nous regarde, déjà résigné de voir encore une fois le programme bouleversé. Le charme du lieu opère vite sur les filles qui s’affalent sur les sièges de velours. Au domaine Jean Got,  Pascal et Mathieu nous accueillent en nous présentant la demeure, un ancien moulin à eau,  et ses activités. Pauline, Mag et moi partons sur un massage californien revitalisant pendant qu’Oliver et Maxime profitent de la piscine. Une fois le corps et l’esprit remis d’aplomb,  nous repartons vers  le Château Bonhoste, notre destination du soir. 

En découvrant nos chambres, Mag se tourne vers Maxime : 

« Mais c’est dingue,  comment trouves-tu toutes ces adresses ? C’est incroyable ! »

« J’ai mes sources » lui dit-il dans un clin d’œil fier, limite présomptueux. 

Devant nous, se dressent deux grand foudres (les cuviers en bois utilisés pour vinifier le vin) entièrement aménagés en chambre avec tout le service nécessaire, et bien sûr, la vue qui va bien sur la vigne ! Sylvaine et Yannick, en nous faisant déguster leur vin, nous expliquent comment leur est venue l’idée de transformer des foudres : 

 « Nous sommes la 5e génération à gérer le domaine. Alors que nous étions à la recherche d’une idée originale pour un hébergement au sein du domaine, c’est en discutant avec notre tonnelier que l’idée est venue d’en construire sur-mesure et de les aménager en chambre pour vivre une immersion totale dans le monde du vin. Le projet nous a emballés et, vous verrez, c’est très confortable ! » 

Le soir, alors qu’Olive tape frénétiquement sur les foudres en reprenant un tube de Philippe Lavil (moins de 30 ans, à vos recherches Google), nous nous endormons dans un éclat de rire et de plénitude. 

 

Jour 8 

Rauzan, étape culturelle du voyage. Nous en profitons pour découvrir son célèbre château fort : pour une fois, c’est un vrai château, du Moyen Âge, avec son donjon, ses créneaux et son pont-levis. Bref, un château fait pour la guerre et pas pour le vin ! Le guide nous explique l’importance stratégique pendant la Guerre de Cent ans : « En fonction des alliances et du déroulement du conflit, le château a été successivement la propriété de familles anglaise et française, on en voit d’ailleurs encore de nombreuses traces à travers les vestiges. »

Pauline écoute avec attention et découvre les vestiges, l’œil rivé, comme d’habitude, derrière son objectif : « Non mais ça sur Insta, ça va faire un tabac », dit-elle, satisfaite du coup d’œil rapide sur ses clichés. La découverte se poursuit avec la visite de la Grotte Célestine couplée à celle du château.

« Deux salles, deux ambiances » me lance Olivier. Une de nos répliques fétiches.

En effet, équipés comme des spéléologues, avec bottes, casque, et lampe frontale nous voilà plongés dans la découverte d’une rivière souterraine aux dimensions incroyables. Notre guide nous fait découvrir tous les phénomènes géologiques initiés par l’eau. 

« Comme à peu près tous les lieux de ce type, cette grotte a été découverte par hasard à la fin du XIXe siècle, sous la pièce d’une maison d’habitation : la rivière ayant creusé au fil du temps cette cavité souterraine, et l’eau, par le jeu des infiltrations, ayant sculpté toutes les œuvres calcaires que vous voyez autour de nous. L’art au naturel ! »

Décidément cette journée est pleine de surprises… Après nous avoir plongés dans les entrailles de la terre, Maxime nous a concocté une autre surprise, cette fois dans les airs. Non content de nous faire plaisir, il est surtout heureux de respecter un tant soit peu le programme établi par ses soins et jamais validé par les nôtres. En toute simplicité, nous grimpons dans la nacelle d’une montgolfière pour découvrir le vignoble bordelais vu du ciel.  Le tout avec François, pilote/guide et vigneron, passionné d’aviation, qui s’envoie en l’air depuis plus de 20 ans. 

« Là, tu peux vraiment avoir peur du vide », lance un Olive tout fringuant à une Pauline, verte de trouille, qui n’en loupe jamais une pour taquiner.  

« Ça plane pour moi », chantonne Mag, qui n’en mène pas large non plus, désarmée par tant de hauteur. 

Notre Pauline, qui ne bouge pas d’un iota, fait mine de savourer le moment alors que nous savons tous qu’elle est actuellement en P.L.S. Pendant ce temps, François nous explique la géologie, à savoir comment l’eau a façonné le paysage et surtout quels sont les avantages de chaque endroit pour la vigne et le vin. Cette journée riche en émotions prend fin avec la visite du Château Franc la fleur. Christian, le propriétaire, est un personnage. En vrai amoureux de la nature et des plantes, il travaille ses vignes en biodynamie mais pas que. Il a développé tout une permaculture pour pouvoir prendre  soin de ses plantes. 

« La plupart des traitements chimiques ou de synthèse reprennent des molécules qu’on retrouve dans le milieu naturel. De tout temps on a travaillé de la sorte. Aujourd’hui je cultive des plantes et j’en fais des tisanes et des soins que j’applique à la vigne » 

En plus de ses vignes, il a également une plantation de baies de goji et de houblon. 

« Le houblon c’est aussi à visée thérapeutique ? « , s’informe Mag dans un sourire. 

« Exactement, on en fait d’excellentes “tisanes”, je vais vous montrer » dit-il dans un clin d’oeil.

 

Jour 9

« La terre, l’air, l’eau…. Je ne te savais pas aussi ésotérique Maxime » dit Pauline en montant sur le canoë avec l’équilibre d’une planche et en manquant de tomber à la renverse ! 

« C’est mon côté proche des éléments : d’ailleurs, j’en cherche un 5e, si tu veux bien m’aider », lui répond malicieusement Maxime.

Quelle descente ! Une superbe façon d’admirer la faune et la flore locales, les villages et les vignes qui dominent la berge. La balade est paisible, enfin jusqu’à ce qu’une bataille rangée n’ait lieu sur l’eau et qu’on finisse tous, d’une façon ou d’une autre dans la rivière. Nous reprenons ensuite notre route, le long d’un océan de vignes, dans le calme et le charme de la campagne bordelaise, en direction de Sainte-Foy-la-Grande. Et on roule. Vraiment beaucoup ! 

« Mais, on est toujours en Gironde là ? » nous demande Pauline.

« Je crois bien qu’on vient de passer devant le Puy Mary en fait… » lui dit Olivier en faisant mine de chercher le nord.

Mag se retourne vers moi en souriant : « Elles étaient top aussi ces vacances là ».

À Sainte-Foy-la-Grande, nous prenons le temps de visiter cette jolie ville-bastide fondée en 1255 en forme de damier, si caractéristique du Sud-Ouest. Un stop à la maison des vins s’impose :  d’ailleurs,  une dégustation est organisée avec les viticulteurs de l’appellation, une des plus anciennes de Gironde. Je me tourne vers Olivier : « je crois bien que c’est en passe de devenir mon appellation préférée ». « On te croit sur parole » me répond Olivier en s’esclaffant. Nous passons la nuit au Château Hostens-Picant où la famille du même nom nous accueille dans sa magnifique chartreuse abritant des chambres d’hôtes. La soirée au bord de la piscine est empreinte de nostalgie : et oui,  le séjour touche déjà à sa fin….

 

Jour 10

Avant le départ,  petit “crochet” (selon Maxime, car pour moi on entame un nouveau voyage complet) pour passer par le château Jaron, un de ses coups de cœur du moment ! La bâtisse ne paye pas de mine, mais le vin est excellent. On descend avec Caroline et Philippe dans la cave pour découvrir leur secret : une vinification en Jarre. 

« D’où le nom du château » dit Pauline tout fière de sa déduction. Bon, il faut dire que c’était la seule à faire latin au lycée, il faut lui laisser ça. 

« En fait non pas du tout, on a trouvé le nom du château avant de se lancer dans l’élevage en amphore » dit Philippe. 

Le sourire de Pauline s’efface instantanément alors qu’elle se retourne, déçue, vers nous.  Olive et Mag lui tirent gratuitement la langue, juste pour le plaisir de la faire sourire. Le couple nous explique qu’une petite partie de leur production est élevée dans des jarres en terres cuites réalisée par un potier du Lot-et-Garonne. 

« Elles sont petites et ont toutes une forme unique, qui donne un vin différent à chaque fois. L’avantage de la terre cuite c’est qu’on a une aération optimale pour le vin sans avoir de transfert de saveur comme avec une barrique en bois. Ça donne des vins différents, plus portés sur le fruit et très soyeux. »

Retour au point de départ et au gîte de Jean-Michel pour une dernière nuit entre potes qu’on va savourer jusqu’au bout ! Attablés à côté de la piscine,  on se refait le fil des vacances en triant les photos, entre deux fous rires : Olive pousse Mag dans l’eau, qui tire avec elle Pauline, qui embarque Maxime, avec en bout de file, ma pomme, bien décidé à plonger avec eux. En nous séchant, Pauline nous fait une rétro photo avant l’heure, pendant que Mag commente tout à la façon d’un grand reporter, un faux micro avec fil à la main.  Pour la peine, les matelas ont descendu un étage, se retrouvant dans le salon, afin que nous y passions la dernière nuit, ensemble et heureux.

Jour 11

Nous nous quittons, heureux et tristes à la fois, chacun prenant l’autre dans ses bras, dans une étreinte authentique et surjouée à la fois. 

« Dites donc, on ne va pas se quitter sans que vous ne répondiez à une question qui obsède mon esprit depuis quelques jours », dis-je, l’œil faussement inquisiteur. 

J’examine les mines mi-surprises mi-amusées autour de moi et je me lance : 

« Mercredi soir dernier, il y en a deux qui ont passé la nuit ensemble, j’ai vu des pieds dépasser du lit et il y en avait plus de deux ! » Silence… Puis éclat de rire de l’assistance. 

« Ah, me répond Olivier, espèce d’esprit mal intentionné, je vais te dire la vérité : Max s’est endormi dans ma chambre, comme à la bonne époque de la fac, et on s’est bien marré sans toi ! »

Max est déjà (forcément) parti enregistrer son billet, et nous nous apprêtons à nous dire au revoir. Tout se serait fini dans la clarté si je n’avais pas saisi, au tout dernier moment, le temps d’une seconde suspendue, le regard complice, inhabituel, ambigu, furtif mais intense, qu’échangent Pauline et Olivier… L’annonce pour le départ des trains les sauve, et, déjà, tout le monde s’embrasse et se dit les derniers mots convenus d’une amitié toujours aussi forte, dans un brouhaha où personne ne s’entend, mais tout le monde se comprend. En partant vers mon quai, j’essaie d’apercevoir d’autres signes de rapprochement de mes amis, mais je les perds de vue. Mon regard, qui balaie la gare, tombe alors sur Mag, prête à monter dans un train, les yeux fixés sur moi : secouant sa tête et y ajoutant la moue pour me faire vraiment comprendre que je suis incorrigible, elle se retourne et disparaît, morte de rire, dans son wagon. 

Et vous, vous pensez que ce que je pense est vraiment arrivé ? 

 

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