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Activités Cool Slow

On s’était dit RDV dans 10 ans – Première partie

juin 2021

Les copains d’abord

Sarah lève les yeux au ciel en souriant. 

« Quoi » ? 

« Rien », répond-t-elle, le sourire accroché aux lèvres. « J’étais sûre que tu allais me dire ça, je te connais par cœur ! Tous les ans, vous passez une partie de vos vacances ensemble, je ne vois pas pourquoi tu dérogerais à la règle cette année. Surtout cette année ! »

Pour changer, Sarah a raison. Depuis notre rencontre à Bordeaux pendant nos études, Mag, Olivier, Max, Pauline et moi on se retrouve quelque part en France chaque année. C’est notre rituel. Et on s’est promis, tous les 10 ans, de revenir à Bordeaux. Or, justement, ça fait 10 ans. Seulement voilà, cette année c’est un peu spécial. 

« Oui mais tu es enceinte, je ne me vois pas te laisser toute seule ». Elle rit. 

« Mais je ne serai pas seule, je te signale, j’ai mes potes ! Nous de notre côté, ce sera farniente, balnéo et bain de soleil tran-quil-le-ment (traduisez : sans moi). Allez, appelle Mag, si tu le fais pas c’est moi qui le fais », me dit-elle en goûtant la salade, qu’elle valide au passage. Après le dîner j’envoie un message sur le groupe, la réponse de Mag est immédiate : 

« Tellement prévisible 😉 Allez, va préparer ta valise, cette année, c’est retour aux sources ! »

Jour 1 

J’arrive à 15h Gare Saint-Jean. Venant de Biarritz, je suis le premier sur place, je pose le vélo et mon sac et je m’installe à notre café. Le quartier a changé, les travaux sont terminés mais l’ambiance reste la même.  Mag me rejoint peu de temps après. à peine le temps de se tomber dans les bras qu’on commence à se raconter nos vies comme si nous nous étions quittés hier. Mag, c’est ma préférée dans le groupe, on se connaît par cœur. Pauline et Olivier arrivent avec le « 16h05 » de Paris. Après un bref regard entre eux et un sourire, Olive nous lance :

« Évidemment ! Encore ensemble ces deux-là ! »

« Heureusement que le patron du bar a changé, sinon j’aurais pu croire qu’on avait exam demain ! » renchérit Pauline

Max arrive en fin d’après-midi, avec son look à moitié surfeur et son gros transporteur équipé du porte-vélo et des sièges enfants. Des sièges enfants ? Mais pour quoi faire ? Ce sont les grands absents de ce séjour, pour la plus grande joie des parents présents.

« Oh la fine équipe ! Vous êtes toujours aussi beaux ! Bon, je vous préviens, c’est moi le G.O. du voyage, alors premier ordre messieurs dames : on file pour être au gîte avant 18h, hyper important. Sinon ça nous décale tout l’apéro, et ça, c’est inenvisageable ».

19h, nous voilà, impatients et ravis comme des gosses, devant les grilles du Château la Renommée, à quelques kilomètres de Saint-Emilion. Jean-Michel, le propriétaire, nous accueille, avec son chapeau de paille sur la tête. 

« Bonjour ! Bienvenue les amis. Je vous laisse vous installer dans les deux cottages et on se rejoint dans 30 minutes pour un tour de la propriété et une dégustation des vins, ça vous va ? »

Bien sûr que ça nous va ! Après avoir pris nos quartiers, nous rejoignons Jean-Michel et son chapeau dans la cour, au milieu de quelques gyropodes. 

« Pour découvrir un château, c’est les vignes qu’il faut aller voir, alors on prend les bécanes pour un petit tour de la propriété. Ça va être top ! » 

Nos regards se tournent vers Pauline, qui a toujours eu un peu d’appréhension pour les engins de ce type.

« Oui… » lui dit-elle, « Mais moi j’ai un peu le vertige quand même ». 

Dans un grand éclat de rire, Jean-Michel nous passe nos casques ! Allez c’est parti. Le tour de la propriété est ultra agréable. On va de vigne en vigne, dans la lumière d’une fin d’après-midi d’été, on aperçoit au loin le clocher de Saint-émilion. Jean-Michel nous explique les cultures, les cépages, les sols puis vient le moment de la dégustation. Autour de sa grande table, dans une pièce au style classe et moderne, il nous fait déguster les 4 vins de la propriété en nous racontant son histoire. 

« J’étais dans la finance, et depuis toujours un amoureux des vins et de Bordeaux. Il y a 10 ans j’ai sauté le pas, j’ai repris ce château en créant un Groupement foncier viticole. Concrètement, c’est comme une entreprise avec action, on peut devenir propriétaire d’une partie du château en investissant, et, tous les ans, on reçoit ses dividendes en dotation de vin ! C’est une aventure collective qui rend l’accession d’un vignoble d’exception possible pour vous comme pour moi. Et vous, c’est quoi votre programme ? »

Maxime déroule sur la table la carte, ou plutôt le parchemin du séjour, avec notre programme bien timé (que nous ne respecterons jamais, évidemment) en décrivant notre périple : quelques jours à Saint-émilion puis un voyage à vélo à la découverte de Pomerol, Fronsac, Libourne, Castillon et Sainte-Foy-La-Grande. « Que des noms qui chantent ! » constate notre hôte en nous indiquant quelques bons plans, en dehors des sentiers battus. Et puis surtout, Olive insiste sur le bonheur de se retrouver, peu importe où le vent nous mène : soit-dit en passant, il passe sous silence les engueulades des années passées, en oubliant également de dire qu’il ne faut jamais se retrouver perdu avec lui, sinon merci la panique. Les charmes de l’amitié.

Jour 2

Pour le premier vrai jour, direction Saint-émilion. Préparation des sacs à dos et synchronisation des montres activée : Maxime passe en revue nos paquetages comme si nous étions à l’armée, c’est toujours aussi drôle. Comme d’habitude, celui d’Olivier est déjà fait et surtout bien rangé ! Pauline est prête aussi, avec son attirail photo, pour immortaliser le séjour. Mag, elle, n’est pas du tout prête et court partout, de pièce en pièce en criant « c’est bon, c’est bon je suis prête dans 2 minutes !!! ». Un grand classique.  Je rejoins Max, dépité de voir que tout le monde n’est pas prêt et que « certains, et toujours les mêmes » débordent sur l’horaire. 

« Alors, futur papa, comment trouves- tu l’endroit ? » me dit-il

« Aussi magnifique que toi ! » lui dis-je en le prenant par le cou.

« Oh non ça ne peut pas être AUSSI beau, n’exagère pas. Bon et Sarah, et la petite tout roule ? Pas trop inquiet ? » 

« Oui tout va très bien, elle vous embrasse ! Et moi… bah j’ai trop la trouille » 

« Normal, nous aussi on a tous très peur pour cette petite ! » lance Mag qui nous rejoint en nous sautant dessus. « Au fait », dit-elle dans un sourire provocateur mais sérieux, « je veux pas dire mais je vous atteeeeeeeeends, quand est-ce qu’on part ? ». 

Avant que Max ne cherche à l’étrangler, je lance l’élan du départ. Nous arrivons à Saint-émilion en fin de matinée. Le village est toujours aussi incroyable. De la place au pied du clocher, nous dominons toute la vieille ville : les terrasses en contrebas devant l’église monolithique, les toits de la cité, au-delà les vignes. On reste tous là quelques minutes à admirer ce paysage magnifique classé au patrimoine mondial de l’Unesco.  Nous commençons notre visite par l’imposante collégiale du XIIe siècle et son magnifique cloître. Pauline et Mag l’arpentent en admirant l’œuvre de l’apocalypse, une peinture gigantesque de 38m sur 5 de l’artiste François Peltier, pendant que nous refaisons le monde, à notre sauce. Nous filons ensuite visiter l’église monolithe, LE cœur de la ville. 

« J’ai toujours trouvé cet endroit dingue, à chaque fois ça me fait un effet bœuf », me dit Maxime alors que notre guide nous explique l’origine du lieu. 

Il faut dire que c’est une église creusée à même la roche, d’un seul tenant de 38m sur 12 de hauteur, construite en hommage à Saint émilion, le célèbre moine breton venu s’installer en ermite sur ces terres.

« Chuuuuuuuuuut, nous crie-chuchote Pauline, » (nouveau verbe, un entre-deux entre gronder et perdre patience en silence), « ça m’intéresse pour mon livre, les garçons, alors soyez cool ». 

« Si vous continuez comme ça, on va jouer au roi du silence », lance Mag dans un clin d’œil. 

La réalisation de cette grotte / église au XIIe siècle, a nécessité l’extraction de plus de 15 000m3 de roche. Avec son clocher qui culmine à plus de 53 m, c’est une véritable prouesse architecturale. à la sortie Mag nous dit « venez on va déjeuner au Cloître des Cordeliers, il paraît qu’ils ont restauré l’édifice et en plus j’ai trop-trop faim ». Devant ces deux arguments imparables, nous la suivons et en effet, en pénétrant dans les lieux, ça fait un choc ! L’ancienne église, qui n’était encore qu’une ruine à l’époque où on était jeunes et beaux, a été restaurée dans un style ultra moderne, et transformée en espace entièrement dédié au fameux Crémant de Bordeaux produit dans les galeries de pierre de taille. Un crémant à Saint-émilion, c’est déjà pas banal, mais dans un lieu aussi beau où les histoires se mélangent, c’est tout simplement unique.

« Ça doit être cool la messe ici », dit Mag en flânant dans les allées.

À l’extérieur, on s’installe à l’ombre de l’ancien cloître en dégustant des grillades à la plancha autour d’un bon verre de crémant. Et la bande retrouve ses marques d’antan, entre rigolades et discussions beaucoup trop audibles pour les voisins de table. L’après-midi, nous voici au Château Coutet. « Vous allez voir, c’est top » nous dit Maxime dans son sourire de Gentil Organisateur qui meurt d’envie de nous spoiler la suite des événements. Arrivés à l’entrée de la ville, nous rencontrons Stefano, notre guide surprise pour l’après-midi, qui nous attend à côté de ce qui semble être des voiturettes de golf, version armée de terre !

« Salut les jeunes, nous lance-t-il. Enfin… plus ou moins » se corrige-t-il avec malice. « Prêts pour l’aventure ? »

« On envahit la rive gauche en voiturette de golf, mon commandant ? » lui demande Pauline. 

Je vois Mag qui réprime un fou rire. Mi-amusé, mi-surpris, Stefano nous explique son concept d’éco-excursion : il vient de lancer son entreprise en proposant des excursions décalées à bord de véhicules électriques tout-terrain. « Et ensuite bien sûr, petite séance de dégustation de bon vin au Château Coutet ! » nous précise-t-il. Installés à deux par voiture, nous voilà lancés dans les vignes, à l’écoute de notre guide à l’accent chantant d’Italie. Et c’est vrai que le voyage a tout d’une aventure. Pauline, pas rassurée pour un sou, commence en marche arrière au lieu d’avancer, quand Max et Olive se lancent dans une course poursuite digne d’un grand prix F1… à 15 km/h. 

« Eux deux, ils auront toujours 15 ans en fait » me dit Mag avec un certain fatalisme dans la voix, posant son menton sur mon épaule pour mieux admirer la vue. 

Une fois revenus au gîte, nous terminons la journée au bord de la piscine et du barbecue dans un gigantesque concours de bombe à l’ancienne, tout en essayant de se pousser les uns les autres dans l’eau dès que l’un d’entre nous parvient péniblement à revenir sur la terre ferme. De vrais enfants : ça fait du bien ! 

Jour 3

Cette fois-ci, c’est journée-vélo,  en s’enfonçant un peu plus dans les terres pour s’immerger dans ce terroir d’exception. 

« Attention, ça parait pas, mais quand on quitte la plaine, c’est pas mal vallonné » nous prévient Maxime. « Va falloir chauffer les cuisses » ajoute-il en me fixant. 

« Je ne me sens pas du tout concerné » lui dis-je en ne convaincant absolument personne. 

« Moi non plus ! » surenchérit Mag, en montrant ses biceps, ce qui n’a absolument rien à voir. 

La balade débute par la boucle des grands crus. Notre parcours déroule sous nos yeux les plus belles propriétés de Saint-émilion : Cheval Blanc de Pressac, Soutard, Figeac, la Gaffelière, Faugères, Fombrauge…

Au milieu de leurs vignes, ces propriétés d’exception semblent poser en majesté en incarnant toute la beauté et la grandeur des vins de Bordeaux et de Saint-Emilion. Ça commence à monter un peu en prenant la direction de Puisseguin. Et effectivement… dès les premières pentes… je suis lâché par l’échappée du groupe. 

« T’inquiète, on fait une boucle, on te reprend au retour… dans 10 jours » me lance Olivier mort de rire. 

« C’est marrant, je crois que tu as fait exactement la même blague y a dix ans, au même endroit » lui dis-je pour le piquer.

« Non, c’était la côte d’après, t’inquiète pas, ça va vite te revenir » dit-il en me clouant sur place d’une accélération nette.

Mag, tout en riant, se laisse aussi décrocher pour faire le trajet à mes côtés, ce qui nous permet de nous remettre à jour, niveau potin. « Tu as remarqué que je ralentis pour toi », ajoute-t-elle en insistant lourdement sur ses freins. Nous voici au Château Haut-Fayan. Gérard et Nathalie, les propriétaires, nous accueillent et nous font faire le tour du domaine. Gérard nous explique qu’ils sont la 7e génération de vignerons. Il est intarissable sur la culture de la vigne. Et sa passion est contagieuse !

« Nous, on a toujours milité pour une agriculture écologique, mais aujourd’hui c’est un tournant majeur, toutes les appellations Saint-Emilion ont décidé d’inscrire dans leur cahier des charges l’obligation d’être dans une démarche environnementale certifiée. D’ici quelques années, c’est simple, on ne pourra plus se tromper en choisissant un vin de Saint-Emilion, il sera forcément écolo ! »

Nathalie nous demande notre programme. « On n’a pas vraiment de lieu défini pour l’après-midi » lui répond Pauline. « Faux », répond Maxime, dans un regard contrarié. 

« Vous devriez pousser jusqu’aux moulins de Calon, c’est un lieu paisible, on peut vous préparer le pique-nique pour ce soir si vous voulez ». 

Dans l’après-midi, nous rejoignons donc Montagne, en montant jusqu’aux fameux moulins. Comment ne pas tomber sous le charme de ce lieu un peu à part. Posés sur la bute, 3 moulins en pierres de taille qui datent du XVIe siècle donnent au lieu de faux airs d’Angleterre. Nous posons nos vélos pour passer le reste de l’après-midi allongés dans l’herbe en profitant de nos retrouvailles pendant que Pauline nous prend sous toutes les coutures : grimaces, selfies non désirés, flou improvisé, nous la forçons à adopter des styles tout sauf artistiques. Le soir venu, le pique-nique est de sortie. Que des produits locaux, vin compris : un régal ! La seule chose qui calmera l’ambiance digne d’une fête de fin d’année au collège c’est ce coucher de soleil sur les vignes à couper la chique de chacun. 

Jour 4

Cette fois c’est le début de l’aventure, la vraie ! Nos sacs sont prêts, fixés sur les vélos. Nous avons eu pour consigne de ne prendre que le nécessaire, le reste étant bien en place chez notre hôte dans l’attente de notre retour. Bon, personne ne dénonce Mag, qui a clairement dépassé la dose recommandée : déjà, en colo, elle faisait semblant d’écouter les recommandations, l’air pourtant concentré, à s’y méprendre. Nous voilà donc partis sur les routes de la rive droite de la Garonne. Nous traversons le village de Pomerol, très mignon avec son architecture typique en pierres blondes d’Aquitaine. Les panneaux d’indication se font l’écho des noms des vins les plus prestigieux.

« Ça doit quand même être quelque chose la fête des voisins ici… » nous fait remarquer Olivier, d’un air rêveur. 

En entrant dans la propriété du Château La Dominique, nous découvrons le chai réalisé par l’architecte Jean Nouvel. Mag et Pauline tombent directement amoureuses du lieu. Mag s’improvise mannequin-comique devant l’objectif de Pauline. Il est vrai que la réalisation vaut le détour. Le chai, d’un rouge éclatant, s’intègre parfaitement dans le paysage en reliant harmonieusement la maison de maître du XVIIIe siècle et les anciens bâtiments agricoles. Tradition et modernité se retrouvent, mêlées dans un naturel déconcertant.

« Vous voyez, c’est ça le génie d’un artiste » nous lance Pauline, l’oeil enfoncé dans son objectif, « c’est de penser, avant les autres, une chose, qui donne un sentiment d’évidence, d’association parfaite, comme si sa place avait toujours été là ». 

« La vraie bonne idée » lui répond Maxime, « c’est d’avoir pensé à mettre un restaurant panoramique sur le toit ! »

« C’est vrai qu’avec ça, on sent bien l’association parfaite nous donnant un sentiment d’évidence » lui dis-je en imitant parfaitement le ton mystique de Pauline. 

« Vous êtes VRAIMENT trop bêtes » nous rétorque-t-elle, en prenant sciemment d’horribles photos de nous en gros plan pour se venger. 

Le repas se déroule dans une atmosphère légère, au pied d’une piscine de galets rouges, imaginée par l’architecte, avec une vue à 360° sur les vignes et villages environnants. Notre prochain arrêt nous mène au Château Beauregard. Un de nos lieux « coup de cœur » quand on était étudiants, c’est-à-dire hier. La chartreuse du XVIIIe siècle est tout simplement magnifique : de magnifiques cuves tronconiques en béton sont alignées en U dans la pièce. Grâce à leur forme et leur couleur, elles donnent un charme incroyable au lieu. Il est temps de reprendre la route direction Fronsac pour atteindre notre nouveau gîte. On suit le cours de la Dordogne, traversant Libourne et les quais de la ville très joliment refaits. On arrive en début de soirée au gîte du Château de la Vieille Chapelle. Frédéric et Fabienne, les propriétaires nous attendent. Ils nous installent dans les chambres, situées dans les dépendances d’une ancienne chapelle du XIIe siècle. Le lieu a un cachet incroyable, avec une grande baie vitrée qui donne sur les vignes et la Dordogne. 

« Nous cultivons nos vignes en Bio et en Bio-dynamie » nous expliquent-ils. « L’inverse aurait été inimaginable. On a mené une étude sur une très ancienne parcelle de vigne. Nous y avons découvert la présence de 11 cépages anciens. On a décidé de les identifier et de les replanter. Ça va prendre des années, et ça sort des cadres de l’appellation, mais c’est important pour nous de maintenir cette identité. C’est un retour aux sources ! »

On se regarde en souriant : un peu comme nous !

Jour 5

Aujourd’hui nous restons sur l’appellation Fronsac. Ma préférée !

« Tu dis ça à chaque appellation » me dit Olivier, hilare. 

« Est-ce un défaut d’aimer ? » lui dis-je en feignant d’être choqué.

« Pas du tout, tu peux en aimer plusieurs… du moment que tu partages ». 

Mag lève un sourcil. 

« Non, mais le vin » précise Olive.

En pédalant vers Saint-Germain de la Rivière, nous nous apprêtons à rejoindre une balade commentée du tertre, recommandée par nos hôtes. « Franchement ça ne paie pas de mine, mais vous en apprendrez plus que dans n’importe quel guide ! »

Au cours de la balade, on comprend tout sur le Fronsadais. Nous découvrons les vestiges d’une occupation humaine précoce avec des lavoirs monolithes et un ermitage creusé à-même la roche de l’époque gallo-romaine. Le lieu a toujours été stratégique. « Le tertre de Fronsac est un point haut naturel, idéal pour s’établir. Regardez cette vue magnifique, à 360° ! Ça permet de voir arriver le danger : les premières fortifications remontent à l’époque de Charlemagne. Et pendant la guerre de Cent Ans, quand français et anglais s’affrontaient dans la région, ce fut un point stratégique, très disputé ! »

Pour le déjeuner, nous choisissons le Face à l’eau, une petite guinguette qui porte bien son nom et qui propose des plats en circuit court issus de la production des pêcheurs et maraîchers du coin. On déguste des poissons du cru accompagnés de légumes à tomber par terre : une tuerie !  Puis retour au gîte pour un concours de sieste bien mérité. En fin d’après-midi, nous filons dans un lieu impressionnant. Les parties les plus anciennes du Château de La Rivière datent du XVIe siècle, mais les différentes restaurations lui donnent l’allure d’un imposant château au style néo-renaissance. Les chais du château se trouvent dans d’anciennes galeries de pierres de taille, sous le château. Pauline, sous le charme, n’en peut plus d’immortaliser le parc, tandis que Mag semble songeuse à se balader seule au milieu de la verdure, pour finir par surprendre son monde en faisant une roue digne des plus grands galas de gym. « Hé, vous avez vu ! » Nous lui renvoyons un signe de tête encourageant, tout en riant dans notre barbe. L’ambiance du jour est très festive : tous les ans, le château organise le Festival Confluent d’Arts, un joli mélange d’expositions, de concerts, et d’ateliers gastronomiques. Le lieu pétille de vie. 

Mag, Pauline et Maxime passent une bonne partie de la soirée à danser sur les airs pop-rock d’un groupe du coin, repéré lors d’un tremplin musical. Ils en arrivent même à faire un concours de break dance sur du rock. Le lendemain, je me lève tôt pour aller faire un footing mais mon sweat est dans la chambre d’à côté, alors je décide d’y aller à pas de velours : j’ouvre la porte et quatre pieds de sortie hors des draps me font immédiatement reculer avec un « oh » silencieux, entre surprise et choc… J’en connais deux qui ont passé la nuit ensemble, mais… qui ?

La suite ICI 😉

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