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Activités

Carnet de voyage : épisodes 1 & 2

octobre 2020

ÉPISODE 1 / Ceux qui partaient à l’aventure…

Notes avant le départ 

Noémie et moi, on vient de s’installer à Bordeaux. C’est le projet et l’opportunité d’une vie qu’on a décidé de saisir. A l’origine on avait prévu de passer nos vacances à découvrir l’Amérique du nord en itinérance. Avec la crise actuelle et les restrictions de voyage, on a dû changer nos plans et on a décidé de partir à la découverte de notre nouvel environnement.  Après tout, pour deux enfants de Picardie comme nous, habitués aux champs de blé, les paysages viticoles seront certainement aussi dépaysants que les Grands lacs du Canada ! Et on s’est dit que le vignoble, on allait l’attaquer par sa face sud ET à vélo. L’Entre-deux-Mers, les Graves et le Sauternais sont un peu moins connus, peut-être plus authentiques, bref ça nous correspond mieux! 

Flèche Saint Michel Bordeaux Crédit Anna Burg

 Jour 1 

Le sac est prêt : appareil photo, téléphone, carnet de voyage, fusain, fuseau, gourde, carte et boussole. On est bon. Noémie me demande : “Ça va, tu ne veux pas non plus embarquer tout l’appart’ ?”. Oui, bon c’est vrai, je suis prévoyant, et puis, ce vignoble, je ne le connais pas ! Nous voilà lancés, traversant le Pont de Pierre au petit matin : début de l’histoire. La lumière est douce et tout est encore tranquille. En me retournant, j’aperçois, amusé, le sourire essoufflé de Noémie et en arrière-plan, les façades XVIIIème de la ville. La flèche Saint-Michel, le Palais de la Bourse, les Quinconces… Décidément, la rive droite, c’est le meilleur point de vue pour admirer Bordeaux.  En longeant la Garonne vers le sud, on passe devant de magnifiques grilles de fer forgé qui laissent apercevoir de grands parcs avec, au fond, de belles villas : “Ce sont d’anciennes maisons de négociants et elles datent du 18e siècle !”, nous lance un passant piqué par notre curiosité. 

Doucement, nous entrons en Entre-deux-Mers, cette terre qu’on appelle aussi “l’arrière-pays bordelais”. Au fil de nos coups de pédale, nous découvrons les bois, les rivières, les vignes… Notre aventure du jour nous amène à Créon, ses ruelles et sa place de village carrée, entourée d’arches de pierre. Noémie “crève de faim”, sans exagération aucune, alors j’essaie de trouver un bon repas bien locavore : au restaurant La Table, on nous propose un menu du marché, le tout sur une terrasse-paradis au calme : un régal !  Notre programme de l’après-midi est à la hauteur de notre motivation sportive (nous sommes alors à 2 doigts d’amputer Noémie de sa cheville droite) et de la chaleur pesante de cet après-midi de mai. Alors nous filons au frais et au coeur de l’Histoire, à l’Abbaye de la Sauve-Majeure. “Ou ce qu’il en reste” me corrige facétieusement Noémie en traversant les vestiges de ce cette ancienne abbaye bénédictine construite en 1079 par le duc d’Aquitaine.  Le haut de la tour offre un panorama sans pareille sur la région et son océan de vignes… On passe l’après-midi ici. Je m’allonge dans l’herbe à l’ombre de l’ancienne nef pendant que Noémie crobarde l’abbaye, ses chapiteaux…et en profiter pour me faire le portrait 🙂 C’est tellement agréable et silencieux, qu’on ne voit pas l’après-midi passer, et nous rentrons, bras dessus, bras dessous, et détendus !

Jour 2  

L’excursion continue à Sauveterre-de-Guyenne. En arpentant la ville à travers le parcours historique, on apprend qu’elle a été fondée par les Anglais en 1281, par le roi Edouard 1er en personne ! Bon peut-être pas “en personne”, je m’avance un peu. En tout cas, ce dont on est sûrs, c’est qu’en 1152, la reine Aliénor d’Aquitaine épouse celui qui deviendra roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt, rattachant l’Aquitaine à la couronne Britannique.

Dans l’après-midi, on visite (enfin) un château ! Le Château Malbat. Noémie, fan de bon vin et accroc à l’architecture, pose mille questions à Daniel, le maître de maison. “Vous êtes la 5e génération à reprendre ce domaine !” s’exclame-t-elle à l’écoute de l’histoire de la famille. Les enfants de la demeure sont là aussi, et visitent la propriété avec nous. Tout cela finit au coucher du soleil dans un échange convivial, un verre à la main, entouré des enfants qui courent partout autour de nous. Nous reprenons les vélos pour atteindre la Maison des Quatre saisons, une ancienne ferme transformée en maison d’hôtes. De la pierre, de l’élégance, du standing et de l’espace : chez Delphine, tout est fait pour passer une nuit au paradis. “Vous devez absolument prendre le temps de visiter La Réole ! C’est une ville magnifique, si vous êtes amateur de patrimoine , vous allez vous régaler. En plus demain, c’est jour de marché !” nous explique-t-elle autour d’une bouteille de vin avant de nous laisser prendre paisiblement nos quartiers. 

Jour 3

Delphine avait raison, La Réole est tout simplement incroyable. Bâtie en 977, au bord de la Garonne, la vieille ville possède un charme fou ! La piste cyclable nous mène vers le marché et les quais. Je savoure ce moment où Noémie affiche sa joie ultime : depuis qu’on a passé quelques jours dans le Périgord, elle a cette image d’Épinal des marchés du Sud-Ouest et de leur ambiance. “J’adore” me dit-elle dans un grand sourire qui me fait fondre.  On parcourt la ville à travers les ruelles bordées de maisons à colombages, en s’arrêtant devant l’Hôtel de ville (le plus ancien de France, donné par Richard Coeur de Lion himself* !). 

En milieu d’après-midi, on reprend notre parcours, le long de la Garonne. Depuis la ligne de crête que forment les côteaux sur la rive droite, on a une vue magnifique sur les Graves et le Sauternais, qui, avec un soleil descendant, baignent dans une lumière magnifique. Noémie en profite pour faire quelques esquisses. Il faut dire qu’on est face à une terre d’histoires, une telle occasion ne peut pas se louper. Je ne sais pas si je figure sur le dessin, mais en tout cas, elle s’en donne à coeur joie. 

EPISODE 2 / Ceux qui n’en revenaient pas… (Et pourtant il faudra bien)

Pendant 4 jours, nous allons sillonner Cadillac, Cérons, Barsac et découvrir de nombreux châteaux et sites emblématiques.

Jour 4 

Aujourd’hui nous commençons la tournée des châteaux. Ou comment se sentir tout petits dans la Grande histoire !  Nous débutons par le Château Malromé, un magnifique château du XVIème siècle, également connu pour être la maison familiale du peintre Toulouse-Lautrec. Notre guide nous fait déambuler dans les chambres d’époque aux boiseries sculptées : “Waouh ! Des vrais dessins d’Henri !”, lance Noémie, le regard perdu dans la contemplation. Il faut dire que ça en jette. Partout, des oeuvres de l’artiste, même au-dessus de sa baignoire : la classe ! Nous déambulons dans les pièces de vie de l’artiste, tout autant qu’autour de ses oeuvres, suspendues ici et là : merci les yeux ! Et comme le château est aussi un domaine viticole et familial, nous suivons Charles, le maître des chais trop sympa, qui nous fait terminer la visite par une dégustation des excellents vins de la maison.  Notre balade se poursuit le long de la Garonne : nous voilà à Saint-Croix-du-Mont et Loupiac, dans l’univers des liquoreux. Ah les liquoreux… Non, en fait, je plaisante, car je n’y connais vraiment rien. Je sais juste qu’ils sont souvent oubliés, les pauvres. Et oui, chers Girondins chauvins, vous avez une légère tendance à la fixette sur le rouge, le blanc, mais pas ce qui fait votre originalité !

©Anna Burg

On grimpe au sommet du “Mont” Sainte-Croix, car Noémie m’a promis une surprise. Si, si, elle l’a lu dans le Routard, il y a un phénomène incroyable ici. Qu’est-ce qu’elle ne me ferait pas faire… Finalement, le surprise est au rendez-vous, parce que si on m’avait dit que je visiterais une grotte d’huîtres fossilisées, d’abord j’aurais éclaté de rire et ensuite ma curiosité m’aurait fait changer d’avis. Vous aussi, vous trouvez que c’est un phénomène de fou, non? Le temps d’halluciner un peu, et je découvre qu’il s’agit d’une histoire qui remonte à un passé très lointain, à une époque où cette partie du continent était encore sous l’océan. À peine le temps de contempler, que je me retourne, et Noémie est DÉJÀ en train de dessiner, mais bouche bée, et c’est assez rare pour la taquiner et le souligner également.  Mais moi j’ai super faim, alors je la laisse tranquillement finir, tout en pressant gentiment (ni vu ni connu) pour aller déguster une douzaine d’huîtres (du présent, évidemment) avec un verre de Sainte-Croix-du-Mont. Nous profitons de cet après-midi lumineux pour visiter le Château Dauphiné-Rondillon en appellation Loupiac. En arrivant sur les lieux on voit des enfants courir dans les vignes comme à la recherche d’un trésor. Sandrine, la propriétaire nous explique qu’ils ont mis en place depuis quelques temps un jeu de piste pour les enfants, à travers les vignes. “On a de plus en plus de famille, des touristes comme des bordelais, qui souhaitent faire des visites avec les enfants alors on a décidé de mettre en place cette activité”Au cours de la visite le couple nous explique les secrets de fabrication d’un bon liquoreux. “Le principe, c’est de laisser le raisin maturer plus longtemps pour assécher les grains et avoir une concentration en sucre plus importante, c’est pour ça qu’ici les vendanges sont plus tardives”.

Jour 5 

Visite de Cadillac. On cherche vainement un lien avec l’automobile… ah ben non en fait ! À l’office de tourisme, Antoine nous conseille le meilleur itinéraire pour la suite de notre parcours et les châteaux à visiter sur la rive gauche. “Avant ça, prenez le temps de visiter la ville et le château Ducal. En plus aujourd’hui il y a le marché”. “Il est aussi beau que celui de La Réole ? ” demande Noémie. “Difficile de comparer mais ici vous pourrez y croiser des chefs”. Ah oui donc on nous prend par les sentiments ! Antoine nous explique que la Maison des Vins de Cadillac organise tous les mois un atelier de cuisine avec un chef dans l’un des châteaux de la région. “On sélectionne les produits au marché avec le chef et on fait ensuite l’atelier au château. C’est aujourd’hui, si vous voulez j’appelle pour voir s’il reste de la place ?” Un peu qu’on veut ! 

On rejoint le groupe directement sur le marché, en compagnie du chef pour choisir les produits locaux. Nous filons ensuite au Château de Garbes, pour l’atelier. L’ambiance est conviviale et on prend le temps d’échanger avec un couple d’italiens qui découvre comme nous la région. Le château fournit les vins et nous fait déguster les créations de chacun ! “Ton plat est meilleur que le mien” me dit Noémie, la voix envieuse. “Évidemment qu’il est meilleur, ces vacances sont magiques, mais quand même”. Elle finit son verre pour masquer un sourire, en levant les yeux au ciel.

 

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